Histoire complète de la Volvo P1800
Contexte et genèse (fin des années 1950)
À la fin des années 1950, Volvo cherche à améliorer son image internationale, trop associée aux berlines robustes et austères, en développant un coupé sportif et élégant. L’objectif est de rivaliser avec les voitures de sport européennes, d’offrir un modèle d’attrait mondial et de séduire une clientèle plus jeune. Après une première tentative avec la Volvo P1900 (un roadster en fibre de verre, échec commercial), Volvo fait appel à des designers italiens et s’associe avec des partenaires étrangers pour développer un nouveau coupé chic et fiable.
Lancement (1961)
La Volvo P1800 est présentée au public en 1961. Sa ligne, dessinée par le designer suédois Pelle Petterson (alors employé chez Frua), s’inspire de courants stylistiques italiens et anglais. Elle arbore des formes harmonieuses, un profil élégant, des chromes discrets, et un intérieur raffiné. Sous le capot, on trouve un moteur quatre cylindres en ligne B18 (1,8 L) à carburateurs SU, développant environ 100-108 ch, associé à une boîte manuelle. Le châssis et la mécanique reprennent la philosophie Volvo : fiabilité, robustesse, facilité d’entretien.
Les premiers exemplaires (P1800) sont assemblés au Royaume-Uni par Jensen Motors, Volvo n’étant pas équipée pour produire ce type de carrosserie haut de gamme. Néanmoins, la qualité de fabrication chez Jensen laisse à désirer, et dès 1963, la production est rapatriée en Suède, à l’usine Volvo de Lundby, donnant naissance à la P1800S (S pour “Sverige”, Suède).
Évolution de la gamme (années 1960)
P1800 (1961-1963) : Versions produites chez Jensen. Ces premiers modèles sont reconnaissables à leurs nombreux détails de finition (inscription “Volvo” sur la calandre, pare-chocs spécifiques…).
P1800S (1963-1969) : Fabriquée en Suède, la P1800S bénéficie d’une meilleure qualité d’assemblage, d’améliorations techniques et mécaniques. La puissance du moteur B18 puis B20 (2,0 L dès 1969) augmente légèrement (jusqu’à 118-120 ch). Le confort et la fiabilité s’améliorent au fil des ans.
La P1800E et la P1800ES (fin des années 1960 - début 1970)
P1800E (1969-1972) : L’arrivée de l’injection électronique Bosch D-Jetronic sur le moteur B20 accroît la puissance (jusqu’à 130 ch) et améliore la performance et la consommation. Les freins à disque aux quatre roues et d’autres améliorations rendent la P1800E plus moderne et agréable à conduire.
P1800ES (1972-1973) : La déclinaison “ES” est un coupé-break (shooting brake) aux lignes inédites, offrant un hayon en verre et un espace de chargement plus important, sans sacrifier le style. Malgré un accueil positif, la crise pétrolière de 1973 et l’évolution du marché marqueront la fin de la P1800 en 1973.
La P1800 gagne en notoriété grâce à son apparition dans la série télévisée “Le Saint” (The Saint) avec Roger Moore, où elle devient une sorte de signature du héros. Cette visibilité aide à bâtir sa réputation internationale.
Fin de carrière (1973)
Après plus d’une décennie de production, la P1800 cesse d’être produite en 1973. Volvo aura démontré qu’elle était capable de proposer autre chose que des berlines, et cette voiture deviendra un classique, apprécié pour sa ligne intemporelle, sa fiabilité, et son charme “vintage”.
Les modèles les plus recherchés par année et les plus chers
Les plus recherchés :
P1800 (Jensen-built, 1961-1963) : Les tous premiers exemplaires, assemblés par Jensen, sont très prisés par les collectionneurs. Leur production limitée (environ 6 000 exemplaires) et leurs spécificités de finition en font des pièces rares. En très bon état, leur cote peut grimper significativement.
P1800S (mi-1960) : Les exemplaires en excellent état, surtout ceux des premières années suédoises (1963-1965), sont également recherchés. Ils combinent le charme des premières séries avec une meilleure qualité de construction.
P1800E (1969-1972) : Grâce à l’injection électronique, les P1800E offrent de meilleures performances et sont souvent considérées comme les plus abouties techniquement. Un exemplaire d’origine, bien restauré, peut atteindre des prix élevés.
P1800ES (1972-1973) : Le shooting brake est très apprécié pour son originalité. Moins produit (environ 8 000 exemplaires), il est recherché pour son look unique et son côté pratique. Les P1800ES en parfait état sont parmi les plus cotées.
Les plus chers sur le marché actuel :
P1800 Jensen (1961-1963) en état concours : peut dépasser les 50 000 à 70 000 euros, voire plus, selon la rareté des options et le pédigrée du véhicule.
P1800ES en état impeccable : Les prix tournent souvent entre 30 000 et 50 000 euros, et peuvent monter au-delà si la voiture est parfaitement restaurée et documentée.
P1800E et P1800S en état concours : Généralement autour de 30 000 à 40 000 euros, selon l’année, la spécificité du modèle et la qualité de la restauration.
Avantages et inconvénients de la Volvo P1800
Avantages :
Fiabilité et robustesse mécanique : Comme les Volvo de l’époque, la P1800 est mécaniquement solide, durable, et peut parcourir de hauts kilométrages sans problème majeur.
Style intemporel et aura glamour : Le design italien, la silhouette élégante et l’image construite par la série “Le Saint” donnent à la P1800 un attrait esthétique et symbolique durable.
Confort et agrément de conduite raisonnables : Bien qu’il s’agisse d’un coupé sportif, la P1800 offre un bon confort de roulement pour l’époque, une position de conduite agréable, et une finition intérieure correcte.
Accessibilité des pièces : On trouve encore relativement facilement des pièces détachées grâce aux clubs de passionnés, aux spécialistes et à la communauté Volvo ancienne, ce qui facilite la restauration et l’entretien.
Inconvénients :
Performances modestes (surtout sur les premières séries) : Avec environ 100 à 130 ch, la P1800 n’est pas une voiture de sport ultra-performante. Ses accélérations et sa vitesse de pointe sont modestes par rapport aux standards contemporains des voitures sportives.
Prix élevés pour les modèles rares : Les Jensen-built et les ES en état concours peuvent afficher des prix élevés, limitant l’accès pour un budget restreint.
Habitabilité limitée et accès aux places arrière : C’est un coupé 2+2 avec une banquette arrière symbolique, pas réellement pratique pour transporter des adultes. L’espace intérieur reste restreint.
Risque de corrosion : Les carrosseries anciennes, surtout sur les premiers modèles, ne sont pas protégées comme les voitures modernes. La rouille peut être un problème, nécessitant une inspection minutieuse avant l’achat.
En conclusion, la Volvo P1800 est un coupé de grand tourisme emblématique des années 1960-1970. Elle allie style, fiabilité, et une image glamour qui ne s’est jamais démentie. Les versions Jensen, les P1800E plus modernes et les shooting brakes P1800ES sont particulièrement prisés et peuvent atteindre des sommes importantes. Bien que ses performances soient modestes et que la corrosion soit un point de vigilance, la P1800 reste une voiture de collection très appréciée, symbole de l’élégance et du savoir-faire de Volvo à une époque révolue.
Article par JM. Decayeux / PHOTOGRIFFON
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