Histoire complète de la Simca Aronde P60
Contexte et origines (années 1950)
La Simca Aronde, lancée en 1951, est le premier modèle entièrement conçu par Simca en France, après que la marque eut produit des voitures sous licence Fiat. Elle devient rapidement l’une des voitures les plus vendues en France dans les années 1950, grâce à son bon rapport qualité-prix, sa robustesse et son confort relatif. À la fin de la décennie, Simca souhaite moderniser l’Aronde pour faire face à une concurrence croissante (notamment la Renault Dauphine et la Peugeot 403) et conserver sa place sur le marché.

Présentation de la P60 (1959)
En 1959, Simca introduit la dernière évolution de l’Aronde, baptisée « P60 » (pour “Projet 1960”). Ce nouveau millésime se distingue par un style plus moderne, avec une carrosserie légèrement redessinée (calandre remaniée, lignes plus rectilignes, ailerons arrière discrets), un intérieur mieux présenté et une gamme de versions plus étoffée. L’idée est de donner un coup de jeune à un modèle déjà bien établi et apprécié.

Versions et déclinaisons (1959-1963)
La gamme Aronde P60 se décline en plusieurs finitions et carrosseries afin de répondre aux différents besoins de la clientèle :

Aronde P60 Élysée : la berline « standard » confortable et familiale.
Aronde P60 Montlhéry : une version plus « sportive » (toutes proportions gardées), avec un moteur légèrement plus puissant et des finitions améliorées.
Aronde P60 Océane : la version cabriolet, très élégante, produite en quantité limitée.
Aronde P60 Plein Ciel : le coupé semi-panoramique, réalisé avec la collaboration de la carrosserie Facel, plus rare et plus prestigieux.
Aronde P60 Chatelaine et Week-End : les breaks et familiales, pratiques pour les artisans et les familles nombreuses.
Les moteurs sont des 4 cylindres « Flash » ou « Rush » d’environ 1,1 à 1,3 litre, délivrant entre 48 et 57 ch, une puissance modeste mais suffisante pour l’époque. La robustesse mécanique et la facilité d’entretien restent des atouts majeurs.

Fin de carrière (1963)
Malgré son restylage, l’Aronde commence à accuser le poids des ans face à des modèles plus modernes. La production de l’Aronde P60 s’arrête en 1963, après avoir solidement installé Simca sur le marché français. L’Aronde, toutes générations confondues, s’est vendue à près de 1,4 million d’exemplaires. Elle aura joué un rôle clé dans l’essor de la marque, avant l’arrivée de nouveaux modèles comme la Simca 1000 ou la Simca 1300/1500.

Les modèles les plus recherchés et les plus chers
Les plus recherchés par type :
Aronde P60 Océane (Cabriolet) : Extrêmement appréciée des collectionneurs pour sa rareté, son élégance et son côté “plaisir”, l’Océane est souvent la plus chère à l’achat.
Aronde P60 Plein Ciel (Coupé) : Aussi rare et distinctive, cette version signée Facel (célèbre carrossier) affiche une ligne plus raffinée. Elle est également très convoitée.
Aronde P60 Montlhéry : Moins rare que les coupés et cabriolets, mais plus performante que la berline de base, elle est prisée des amateurs recherchant une Aronde avec un léger surcroît de caractère.

Par années :
Les premières années de production de la P60 (1959-1960) peuvent intéresser les collectionneurs souhaitant un exemplaire de début de série, mais globalement, ce n’est pas autant l’année qui prime que la version et l’état du véhicule.
Les derniers millésimes (jusqu’en 1963), parfois mieux aboutis, sont également recherchés. Mais l’attention se porte principalement sur la rareté des carrosseries (cabriolet, coupé) et l’état général.

Les plus chers sur le marché actuel :
Océane et Plein Ciel en parfait état, avec une restauration haut de gamme et un historique limpide, peuvent atteindre des sommes nettement supérieures aux berlines.
Un exemplaire de Montlhéry très bien conservé ou restauré peut également valoir plus cher qu’une Élysée standard, mais restera en dessous des prix des variantes coupé/cabriolet.

Avantages et inconvénients de la Simca Aronde P60

Avantages :
Style et charme vintage : La P60 offre un design typique des années 1950-60, avec une certaine élégance et une personnalité marquée, notamment dans les versions coupé/cabriolet.
Robustesse mécanique : Les moteurs Simca de l’époque sont relativement simples et fiables, les pièces mécaniques standard peuvent encore se trouver auprès de spécialistes.
Confort et espace à bord : Pour son époque, l’Aronde était appréciée pour son habitabilité et son confort, permettant de voyager en famille dans des conditions convenables.
Entrée abordable en collection : Les berlines (Élysée) sont souvent plus abordables que d’autres voitures de collection de la même période, permettant un accès plus facile au monde des véhicules anciens.

Inconvénients :
Performances modestes : La puissance est limitée, les accélérations et la vitesse de pointe sont faibles comparées aux standards modernes, rendant l’usage sur voies rapides moins agréable.
Sensibilité à la corrosion : Comme beaucoup de voitures de cette époque, l’Aronde P60 peut souffrir de rouille, exigeant une vigilance constante lors de l’achat et de la restauration.
Disponibilité de certaines pièces spécifiques : Si les éléments mécaniques sont assez répandus, certaines pièces de carrosserie, de sellerie ou de finition (surtout pour les versions rares) peuvent être difficiles et coûteuses à obtenir.
Sécurité limitée : Pas de ceintures de sécurité en première monte (selon les versions et années), pas d’airbags ni de zones de déformation modernes. La sécurité passive est réduite par rapport aux véhicules contemporains.

En somme, la Simca Aronde P60 est un modèle emblématique de l’automobile française de la fin des années 1950 et du début des années 1960. Elle incarne l’évolution d’une voiture populaire vers un style plus moderne. Les coupés Plein Ciel et cabriolets Océane, très prisés et chers aujourd’hui, sont de véritables pièces de collection. Malgré ses performances limitées et les contraintes propres aux véhicules de cette époque, l’Aronde P60 demeure une automobile de charme, témoignant du savoir-faire et de l’élan industriel français de l’après-guerre.

Article par JM. Decayeux / PHOTOGRIFFON