La Renault Fuego est un coupé sportif produit par le constructeur français Renault entre 1980 et 1986. Positionnée comme la remplaçante indirecte de la Renault 15 et 17, elle visait à concilier modernité, aérodynamisme et confort. Dessinée par Michel Jardin sous la direction de Robert Opron (déjà reconnu pour ses travaux chez Citroën, notamment sur la SM et la CX), la Fuego se démarquait par son style audacieux, sa silhouette profilée, et son hayon vitré, apportant une touche de praticité au sein d’un segment souvent centré sur le style plus que sur la fonctionnalité.

L’histoire complète de la Renault Fuego
Contexte et genèse (fin des années 1970)
À la fin des années 1970, Renault souhaitait proposer un véhicule sportif dérivé de la base technique de la Renault 18, lancée en 1978. L’idée était d’offrir un coupé élégant, confortable, et relativement accessible, dans la lignée des modèles précédents (R15 et R17) dont la carrière touchait à sa fin. Le contexte automobile était alors marqué par une quête d’efficacité aérodynamique (en raison des chocs pétroliers) et d’innovation stylistique. La future Fuego se distinguerait notamment par une étude poussée en soufflerie, ce qui lui confèrera un coefficient de traînée (Cx) très favorable pour l’époque, oscillant autour de 0,34, une valeur remarquable.

Lancement et premières versions (1980-1982)
Présentée au Salon de Genève en 1980, la Renault Fuego fut d’emblée remarquée pour sa ligne moderne et son allure avant-gardiste. Les premières versions disponibles reprenaient des motorisations de la Renault 18, à savoir des quatre cylindres en ligne de cylindrées comprises entre 1,4 et 2,0 litres, alimentées par carburateur. Les modèles les plus répandus étaient les Fuego TL et GTL (1,4 litre), TS et GTS (1,6 litre), et TX/GTX (2,0 litres). Certaines variantes étaient disponibles selon les marchés, avec ou sans direction assistée, et les finitions différaient selon les pays.

Évolutions et montée en gamme (1983-1984)
Au fur et à mesure de sa production, la Fuego bénéficia d’améliorations techniques et esthétiques. L’apparition de la Fuego Turbo (essence) en 1983 fut un moment phare, marquant l’arrivée d’un modèle plus performant (1,6 litre turbo offrant environ 132 ch), lui conférant des accélérations et une vitesse de pointe plus que respectables pour l’époque. On vit également l’introduction d’injections électroniques sur certains marchés, améliorant la fiabilité et la souplesse.
En parallèle, la version Turbo-D, équipée d’un moteur diesel turbocompressé, fut également proposée, une rareté pour un coupé sportif à l’époque, signe de l’audace de Renault qui tentait de toucher une clientèle variée.

Le déclin et la fin de la production (1985-1986)
Malgré ses qualités, la Fuego connut un succès commercial en demi-teinte. Elle était certes appréciée pour son style, mais elle souffrait de l’image un peu vague du coupé dérivé d’une berline familiale (la R18), et de la montée en puissance de concurrents plus affirmés sur le marché des coupés sportifs. Par ailleurs, le positionnement tarifaire et la fragilité de certains éléments (corrosion, problèmes électriques) nuisaient à sa réputation.
La production s’arrêta en France en 1985, mais continua en Argentine jusqu’en 1992, où la Fuego rencontra un certain succès local. Cependant, en Europe, elle quitta la scène en 1986, laissant la place à d’autres modèles plus modernes (comme la Renault 11 Turbo Zender ou, plus tard, la Renault 19 16S, sans être toutefois sa remplaçante directe en tant que coupé).

Les modèles les plus recherchés par année et les plus chers
Sur le marché de la collection, les Renault Fuego ont vu leur cote légèrement augmenter au fil des ans, surtout pour les versions les plus rares et les mieux conservées. Les modèles les plus recherchés sont généralement :

1980-1982 :
Fuego GTS (1.6 litre) : Bien qu’assez répandue à l’époque, une GTS en parfait état d’origine et avec un faible kilométrage est de plus en plus prisée. Les premières années de production, avec les détails originaux (logo, finitions) sont recherchées pour leur authenticité.

1983-1984 :
Fuego Turbo (essence) : Le modèle phare et emblématique. Dotée d’un moteur turbo-essence de 132 ch, elle offrait un caractère bien plus sportif. Les collectionneurs recherchent aujourd’hui activement les exemplaires en excellent état, non modifiés, avec leur turbo d’origine. Les années 1983-1984 sont particulièrement prisées car elles correspondent au pic de popularité et aux meilleures finitions avant la descente en gamme.

1985-1986 :
Fuego Turbo-D (diesel) : Bien que moins performante en termes sportifs, cette version est devenue un véritable objet de curiosité et donc de collection. Sa rareté (nombre limité d’exemplaires conservés) en fait un modèle onéreux sur le marché de l’occasion en parfait état.
Les derniers millésimes (1985-1986), surtout si le véhicule est resté en configuration d’origine, sans corrosion ni modifications, sont devenus rares. Ces versions tardives sont souvent recherchées par les puristes qui souhaitent un modèle "au summum" de sa maturité technique.
En termes de prix, les Fuego Turbo (essence) en état concours sont généralement les plus onéreuses, suivies des Turbo-D rarissimes. Ensuite viennent les versions GTS et GTX en excellent état. Les prix peuvent varier, mais un bel exemplaire de Fuego Turbo dépasse souvent les 10 000 à 15 000 euros (voire plus) sur le marché de la collection, selon la rareté, la provenance, le carnet d’entretien, et l’historique complet du véhicule.

Avantages et inconvénients de la Renault Fuego
Avantages :

Design avant-gardiste et aérodynamique : La Fuego arbore une ligne unique, résolument moderne pour son époque, signée Robert Opron. Cette silhouette distinctive en fait un objet de collection original.
Confort et habitabilité : Pour un coupé, la Fuego offrait un espace intérieur correct, une bonne visibilité, et un confort de suspension supérieur à certains concurrents. Le hayon permettait un accès pratique au coffre, rare sur un coupé.
Motorisations variées : Du petit 1.4 litre jusqu’au 2.0 litre, en passant par le turbo-essence et le turbo-diesel, l’offre mécanique était large. Cela permettait aux acheteurs de trouver un compromis entre performances, coût et consommation.
Accessibilité en collection : Hormis les versions les plus rares (Turbo en état concours), la Fuego reste relativement abordable sur le marché de la collection, permettant aux amateurs de s’offrir un coupé à l’identité forte sans dépenser une fortune.

Inconvénients :
Qualité de fabrication inégale : Certains exemplaires souffraient de problèmes de corrosion, de fuites, et d’assemblages parfois approximatifs. La qualité générale était dans la moyenne de l’époque, mais aujourd’hui ces défauts se sont amplifiés avec l’âge.
Disponibilité des pièces détachées : Bien que certaines pièces soient encore trouvables, la disponibilité de certaines références spécifiques (moulures, éléments de carrosserie, pièces mécaniques propres aux versions Turbo) peut être limitée, entraînant des difficultés et des coûts de restauration élevés.
Performances relatives : Hormis la version Turbo-essence, la plupart des Fuego, bien que suffisantes pour leur époque, ne sont pas considérées comme de véritables sportives par les standards actuels.
Image de marque mitigée : La Fuego n’a pas bénéficié d’une image aussi forte que certaines icônes du segment. Considérée souvent comme un « coupé de compromis », elle a parfois été boudée par les puristes, ce qui limite aujourd’hui son aura, malgré un regain d’intérêt des collectionneurs.

En résumé, la Renault Fuego est un modèle qui a marqué les années 1980 par son style et ses innovations, mais qui a souffert sur le plan commercial. Aujourd’hui, elle séduit les amateurs de youngtimers, notamment grâce à ses versions Turbo rares, tout en restant accessible et originale sur le marché de la collection.

Article par JM. Decayeux / PHOTOGRIFFON