La Peugeot 104 est une petite berline française produite par Peugeot entre 1972 et 1988. Reconnue pour sa compacité, sa maniabilité et sa sobriété, elle est souvent considérée comme l’une des premières citadines modernes. Son histoire est intimement liée à l’évolution du marché automobile européen des années 1970 et 1980, marqué par les crises pétrolières et la demande croissante pour des véhicules économiques, fiables, et faciles à garer dans des villes de plus en plus congestionnées.

L’histoire complète de la Peugeot 104
Genèse et lancement (1972-1974)
Présentée en 1972, la Peugeot 104 se distingue immédiatement par sa taille réduite : moins de 3,60 m de long, ce qui en fait alors la plus petite berline quatre portes du marché. Dessinée avec la collaboration de Pininfarina, elle arbore une ligne sobre mais élégante, caractéristique du style Peugeot de l’époque. Elle est initialement proposée en version 4 portes "berline" avec un petit porte-à-faux arrière, mais sans hayon. Sous le capot, on trouve un moteur quatre cylindres en ligne de 954 cm³ développé avec la société Française de Mécanique (partenariat Renault-Peugeot), transversal et incliné de 72° afin de réduire l’encombrement.

Évolution de la gamme (1975-1977)
Dès 1974-1975, la gamme s’élargit avec l’apparition de versions 2 et 3 portes dites "Coupé" ou "Z", plus courtes et plus légères, offrant un caractère plus dynamique. Ces déclinaisons, bien que minimalistes, renforcent l’attrait de la voiture auprès d’un public jeune, à la recherche d’un véhicule agile et économique. Le hayon apparaît sur les modèles 3 portes, rendant la 104 plus pratique et faisant d’elle l’ancêtre de la "supermini" moderne.
À la même période, les motorisations évoluent légèrement, avec des puissances comprises entre 45 et 66 ch selon les versions. Les finitions se diversifient (L, GL, SL, Z, ZL, etc.), apportant un choix plus large aux clients.

L’apogée de la gamme : les versions sportives (1977-1980)
La Peugeot 104 acquiert ses lettres de noblesse dans le monde de la petite sportive avec la sortie de la 104 ZS (1976) puis de la 104 ZS2 (1979), des versions à trois portes plus nerveuses. La ZS2, équipée d’un 1 124 cm³ poussé à 66 ch puis 72 ch, adopte une présentation plus sportive (teintes vives, jantes spécifiques, compte-tours, etc.) et offre un réel plaisir de conduite dans un gabarit réduit. Ces versions sont aujourd’hui très recherchées des collectionneurs et amateurs de youngtimers, car elles représentent l’esprit d’une époque où la sportivité abordable était de mise.

Rationalisation et vieillissement du modèle (1980-1985)
À partir des années 1980, la 104 commence à accuser le poids des ans. Les concurrentes (Renault 5, Fiat 127, Volkswagen Polo, puis la nouvelle génération comme la Citroën Visa ou la future Peugeot 205) proposent des concepts plus modernes. La 104 reste néanmoins au catalogue, notamment parce que son coût de production est amorti, et parce que c’est un modèle rentable. La gamme se recentre sur les versions 5 portes à hayon (apparu entre-temps), et sur des motorisations plus éprouvées. Toutefois, le style commence à paraître daté, et la voiture, plus rustique, séduit avant tout une clientèle traditionnelle.

La fin de carrière et le passage de témoin (1985-1988)
L’arrivée de la Peugeot 205 en 1983, plus moderne, plus spacieuse et plus séduisante, signe le début de la fin pour la 104. Néanmoins, cette dernière reste au catalogue jusqu’en 1988, principalement pour occuper le bas de la gamme et proposer une alternative encore moins coûteuse. Une fois la 104 retirée de la production, elle laisse derrière elle un héritage important : elle a préparé le terrain pour la 205, succès commercial phénoménal, et a contribué à faire de Peugeot un acteur majeur du segment B.

Les modèles les plus recherchés par année et les plus chers
Sur le marché de la collection, la Peugeot 104 suscite un intérêt grandissant. Bien que longtemps délaissée, elle profite désormais de l’engouement pour les youngtimers des années 1970-1980. Les modèles les plus recherchés et les plus chers sont généralement :

1972-1974 (Premières séries) :
Les toutes premières 104, dans un état d’origine impeccable, sans corrosion, sont relativement rares. Leur intérêt réside dans leur caractère "originaire" et leur authenticité historique. Ces modèles ne sont pas les plus chers, mais ils deviennent de plus en plus prisés par les puristes qui apprécient la genèse du modèle.

1976-1980 (Versions Z, ZS, ZS2) :

104 ZS (1976-1980) : Les versions ZS, plus nerveuses, sont déjà recherchées, notamment si elles sont restées strictement d’origine.
104 ZS2 (1979-1980) : Sans conteste la plus rare et la plus sportive, la ZS2 est le Graal des collectionneurs. Sa puissance accrue, ses finitions sportives et sa faible production en font une pièce de choix. Elle figure parmi les 104 les plus onéreuses aujourd’hui sur le marché, pouvant dépasser les 10 000 euros (voire plus selon l’état, le kilométrage et la documentation).
1980-1983 (Dernières coupés 3 portes, séries spéciales) :
Quelques séries limitées ou finitions plus cossues (par exemple des séries "S" tardives) peuvent être recherchées, mais leur cote reste bien inférieure à celle de la ZS2. Les 104 Coupé 3 portes en bon état se font rares, ce qui les rend également désirables.

1983-1988 (Fin de carrière) :
Les dernières séries, bien qu’ayant peu de valeur historique, peuvent intéresser des collectionneurs en quête de modèles "sortis de grange" en état impeccable, mais elles demeurent moins valorisées que les versions sportives.

En résumé, la hiérarchie des prix sur le marché de la collection place clairement la ZS2 au sommet, suivie de la ZS, puis des modèles plus communs en état exceptionnel.

Avantages et inconvénients de la Peugeot 104
Avantages :
Compacité et maniabilité : La 104 est idéale en milieu urbain, grâce à son gabarit réduit et à sa direction légère, parfaits pour se faufiler dans la circulation et se garer facilement.
Robustesse et mécanique simple : Les moteurs, bien que modestes, sont réputés fiables et simples à entretenir. La voiture est robuste, tant du point de vue mécanique que structurel (malgré la corrosion sur certains exemplaires).
Faibles coûts d’utilisation : Consommation modérée, coût d’entretien réduit, et prix d’achat abordable ont fait de la 104 une voiture très populaire pendant de nombreuses années.
Version sportive ZS2 en collection : Pour les amateurs, cette déclinaison offre un charme sportif particulier et devient un véritable collector.

Inconvénients :
Corrosion et vieillissement de la caisse : Les 104 sont sensibles à la rouille, notamment au niveau des bas de caisse, planchers et passages de roues. De nombreux exemplaires ont disparu pour cette raison.
Confort et équipement spartiate : Les premières années, l’équipement est limité, le confort est basique. Avec le temps, cela peut paraître très rudimentaire face aux standards actuels.
Performances limitées (hors versions ZS/ZS2) : Les moteurs de base offrent des prestations modestes, adéquates pour la ville mais limitantes sur route.
Disponibilité des pièces : Bien que certaines pièces mécaniques restent communes, certaines références de carrosserie ou d’accessoires spécifiques peuvent être difficiles à trouver, compliquant une restauration soignée.

En conclusion, la Peugeot 104 s’inscrit dans l’histoire automobile française comme une citadine pionnière, robuste et populaire. Aujourd’hui, elle renaît sous l’engouement des collectionneurs, avec une attention particulière pour ses versions sportives. Ses points forts restent sa compacité et sa simplicité, tandis que le principal défi en 2024 est de trouver un exemplaire sain et complet, sans trop de rouille, afin d’apprécier pleinement ce concentré d’ingéniosité à la française.

Article par JM. Decayeux / PHOTOGRIFFON