Histoire complète de la Panhard PL17
Contexte et genèse (fin des années 1950)
Panhard, l’un des plus anciens constructeurs automobiles français, s’est illustré après la Seconde Guerre mondiale par des véhicules légers et innovants, notamment la Dyna X puis la Dyna Z. À la fin des années 1950, la marque cherche à moderniser son offre pour mieux séduire la clientèle, tout en maintenant son identité : voitures légères, économiques, et techniquement avancées.
En 1959, la Dyna Z, lancée en 1954, évolue en profondeur et donne naissance à la Panhard PL17. Le nom “PL17” aurait plusieurs origines d’interprétation, dont la plus souvent retenue est la suivante : « Panhard & Levassor, 17 km par litre », mettant en avant l’excellente économie de carburant du véhicule (17 km/L soit environ 6 L/100 km). Ce nouveau modèle s’inscrit dans la continuité de la Dyna Z, mais adopte une carrosserie plus harmonieuse, des lignes plus douces et un style plus « automobile de famille » que la précédente.
Caractéristiques techniques
La PL17 conserve les principes clés chers à Panhard :
Un moteur bicylindre à plat refroidi par air d’environ 850 cm³. Sa puissance varie selon les versions, entre 42 et 60 ch (pour les versions Tigre plus puissantes).
Une structure monocoque légère, utilisant largement l’aluminium dans les premières générations de Dyna, puis davantage d’acier sur la PL17, tout en conservant une masse très réduite pour l’époque.
Une architecture traction avant, inédite sur le marché français d’avant-guerre et conservée par Panhard, offrant une bonne tenue de route, un intérieur spacieux et un excellent rendement.
Une aérodynamique soignée, moins extravagante que la Dyna Z, mais toujours très efficace.
Lancement et évolution (1959-1963)
Présentée en juillet 1959, la PL17 arbore une ligne plus équilibrée que sa devancière. Les finitions évoluent progressivement, et plusieurs versions voient le jour : berline, cabriolet, break et quelques séries spécifiques. Les modèles se distinguent par leur niveau de finition (L, TL) et surtout par leur motorisation.
Le moteur standard, d’environ 42 à 50 ch, offre une bonne sobriété, adaptée à une conduite tranquille.
Les versions “Tigre” (introduites dans les années 1960), plus puissantes (50-60 ch), procurent de meilleures performances et une vitesse de pointe plus élevée, rendant la voiture plus dynamique et attrayante pour les conducteurs amateurs de sensations un peu plus vives.
Années 1960 : affirmation puis déclin
La PL17 connaît un certain succès dans les années 1960, grâce à ses qualités routières, sa faible consommation, son confort relatif et son style personnel. En 1961, la PL17 remporte le Rallye de Monte-Carlo, ce qui constitue un beau coup de projecteur sur la marque et sa petite berline atypique. Cependant, le marché automobile évolue rapidement. La concurrence devient féroce, notamment avec des constructeurs comme Citroën, Peugeot ou Renault, qui proposent des modèles plus modernes, mieux équipés, et parfois moins chers.
Panhard, marque déjà indépendante mais fragile, passe sous le contrôle progressif de Citroën à partir de la fin des années 1950. Malgré quelques améliorations et restylages, la PL17 peine à se renouveler en profondeur. À partir de 1963, la voiture est simplifiée et commercialisée sous le nom “17” tout court, mais les ventes déclinent.
Fin de carrière (1965)
La production de la PL17/17 cesse en 1965. Panhard, sous la coupe de Citroën, arrête progressivement la production de voitures particulières pour se concentrer sur le secteur militaire. La PL17 demeure le dernier véritable succès populaire de Panhard dans le domaine de la voiture de tourisme. Elle incarne aujourd’hui une époque de l’automobile française, marquée par l’ingéniosité, la quête d’efficacité et d’économie.
Les modèles les plus recherchés et les plus chers
Par périodes et versions
Les premières séries (1959-1960) : Les premiers millésimes de la PL17, proches des Dyna Z tardives, peuvent intéresser les collectionneurs recherchant une authenticité et un style original. Toutefois, leur cote reste inférieure à celle des versions spéciales.
Versions Tigre (à partir de 1960-1961) : Les PL17 Tigre, plus puissantes, plus performantes et souvent mieux équipées, sont particulièrement appréciées. Elles combinent l’originalité Panhard à un agrément de conduite supérieur.
Cabriolet PL17 : Produit en très petite série (quelques centaines d’exemplaires), le cabriolet est rare, très recherché et donc plus cher. Il offre une ligne élégante et représente le haut de gamme émotionnel de la marque.
Break Relmax ou familiales : Rares sur le marché et recherchés par les passionnés, ces versions plus utilitaires peuvent avoir une cote intéressante, mais restent en dessous du cabriolet et des Tigre en parfait état.
Les plus chers sur le marché actuel
Cabriolet PL17 : Compte tenu de sa rareté, un exemplaire bien restauré peut atteindre des sommes très élevées, allant au-delà des 30 000 à 40 000 euros, voire plus selon l’état et l’historique.
PL17 Tigre en état concours : Ces versions peuvent dépasser facilement les 15 000 à 20 000 euros, particulièrement si la voiture dispose d’un pedigree connu (participation à des épreuves, historique limpide).
Berlines standard restaurées : Un modèle standard en très bon état se situe généralement dans une fourchette plus raisonnable (autour de 8 000 à 15 000 euros), selon la rareté des finitions, la qualité de la restauration, et la présence d’éléments d’origine.
Avantages et inconvénients de la Panhard PL17
Avantages :
Sobriété et économie de carburant : Le moteur bicylindre, associé à la légèreté de la caisse et à l’aérodynamisme soigné, permet une consommation très raisonnable.
Confort et habitabilité : Malgré sa mécanique atypique, la PL17 offre un intérieur spacieux, un confort de suspension appréciable, et une bonne tenue de route pour l’époque.
Originalité et prestige historique : Panhard est une marque légendaire, antérieure à beaucoup d’autres constructeurs. Posséder une PL17, c’est rouler dans une voiture au pedigree singulier, dotée d’une technologie et d’un style distinctif.
Performances honorables (sur versions Tigre) : Les PL17 Tigre surprennent par leur vivacité compte tenu de la faible cylindrée, et offrent un certain plaisir de conduite.
Inconvénients :
Mécanique spécifique : Le bicylindre à plat refroidi par air est fiable, mais demande un entretien régulier et parfois des pièces difficiles à trouver. La rareté de certains éléments mécaniques ou de carrosserie peut compliquer la restauration.
Image moins connue du grand public : Moins populaire et moins médiatisée que la 2CV ou la Renault 4, la PL17 est plus confidentielle, ce qui peut rendre la revente plus difficile ou la recherche de pièces plus complexe.
Protection contre la corrosion : Comme beaucoup de voitures de cette époque, la PL17 n’est pas exempte de problèmes de rouille. Il faut être vigilant à l’état de la caisse et du châssis.
Performances limitées sur versions standard : Les versions non Tigre ont des accélérations modestes et une vitesse de pointe limitée, ce qui peut être un inconvénient pour un usage régulier, notamment sur autoroute.
En somme, la Panhard PL17 est une voiture emblématique de l’ingéniosité française des années 1950-60, alliant légèreté, aérodynamisme et efficacité mécanique. Bien que moins connue que certaines concurrentes de son époque, elle n’en demeure pas moins un modèle recherché par les passionnés d’automobiles anciennes, en particulier dans ses versions rares (cabriolet) ou sportives (Tigre). Ses avantages résident dans son originalité, sa sobriété et son confort, tandis que ses inconvénients incluent la difficulté à trouver certaines pièces et des performances limitées sur les versions de base.
Article par JM. Decayeux / PHOTOGRIFFON
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