La marque Facel Vega, bien que de courte durée, reste un symbole du luxe à la française et du raffinement automobile de la seconde moitié des années 1950 et du début des années 1960. Il ne s’agit pas d’un simple modèle, mais d’une gamme de voitures de grand tourisme haut de gamme créées par la société Facel (Forges et Ateliers de Construction d’Eure-et-Loir), dirigée par Jean Daninos. Les Facel Vega étaient des coupés et cabriolets luxueux, élégamment dessinés, dotés de moteurs puissants, destinés à rivaliser avec les plus prestigieux constructeurs européens et américains de l’époque (Bentley, Aston Martin, Maserati, etc.).
L’histoire complète de Facel Vega
Origines de Facel (années 1930-1940)
La société Facel naît en 1939 de la fusion de plusieurs entreprises métallurgiques et se spécialise après la Seconde Guerre mondiale dans la carrosserie de luxe pour le compte de marques établies (Delahaye, Simca, Panhard). Elle produit également des pièces pour l’aéronautique. Sous la direction de Jean Daninos, Facel se forge une solide réputation dans le travail de la tôle, la finition et la qualité. Daninos rêve de créer une voiture française de prestige, capable de rivaliser avec les plus grands noms internationaux.
Naissance de la marque Facel Vega (1954)
En 1954, Facel lance la Vega (ou FVS), la première véritable automobile signée Facel Vega. L’inspiration est résolument haut de gamme : un coupé élégant, motorisé par un gros V8 américain (Chrysler) garantissant puissance et couple abondants. Cette alliance du style français et de la mécanique américaine deviendra la signature de la marque. La voiture est rapidement repérée par une clientèle fortunée, composée d’industriels, d’artistes, et de personnalités médiatiques (Ava Gardner, Pablo Picasso, Tony Curtis, entre autres).
L’apogée : FV, FVS, HK500, Excellence (1956-1960)
FV / FVS (1954-1958) : Les premières séries évoluent rapidement, améliorant la finition, la puissance (jusqu’à 340 ch) et la qualité de route. La FVS devient FV2, FV3, puis FV4, marquant des améliorations constantes.
Facel Vega HK500 (1958-1961) : Souvent considérée comme le sommet de la marque, la HK500 est une GT puissante, raffinée, atteignant 225 km/h, ce qui en fait l’une des voitures les plus rapides et les plus élégantes de son temps.
Facel Vega Excellence (1958-1964) : Berline de très haut luxe, l’Excellence, à 4 portes antagonistes, est un pari audacieux mais moins abouti commercialement. Elle reste aujourd’hui rarissime.
L’ouverture vers le marché plus large : la Facellia (1960-1963)
Pour élargir sa clientèle, Facel lance en 1960 la Facellia, un petit cabriolet et coupé doté cette fois d’un moteur 4 cylindres français conçu par Pont-à-Mousson. Malheureusement, ce moteur rencontrera de graves problèmes de fiabilité, minant la réputation de la marque. Les coûts de garanties et de réparations plongent Facel dans une crise financière sévère.
Pour tenter de remédier à la situation, Facel introduit la Facel III (évolution de la Facellia avec un moteur Volvo) et la Facel 6 (avec un six-cylindres Austin-Healey), mais la confiance de la clientèle est ébranlée. Les pertes financières s’accumulent, les ventes chutent.
Facel II : le chant du cygne (1962-1964)
La Facel II, présentée en 1962, est l’évolution ultime de la GT haut de gamme de la marque. Plus légère, plus moderne dans ses lignes, plus rapide, elle est considérée par beaucoup comme la plus belle et la plus aboutie des Facel Vega. Mais il est trop tard. Les problèmes financiers et la mauvaise réputation due à la Facellia ont déjà miné la viabilité de l’entreprise. En 1964, Facel Vega cesse définitivement la production d’automobiles, laissant derrière elle un mythe et des voitures rares, devenues aujourd’hui objets de collection hautement prisées.
Les modèles les plus recherchés par année et les plus chers
1954-1958 : Les premières Facel Vega FVS / FV
Les premiers coupés, surtout ceux en état d’origine et bien restaurés, commencent à valoir des sommes importantes. Leur rareté, leur histoire et leur élégance suscitent l’intérêt des collectionneurs. Les FV2, FV3 sont particulièrement désirées.
1958-1961 : La HK500
La HK500 est sans doute le modèle le plus emblématique et le plus recherché. Sa réputation de “Rolls-Royce sportive” et sa puissance impressionnante la placent au sommet de la hiérarchie des Facel. Un exemplaire HK500 en état concours peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros.
1962-1964 : La Facel II
La Facel II est souvent considérée comme la plus aboutie. Son esthétique intemporelle, ses performances remarquables (plus de 200 km/h) et sa rareté (environ 180 exemplaires produits) en font l’une des plus chères. Les prix peuvent aisément dépasser les 300 000 à 400 000 euros, voire plus, pour un exemplaire parfait.
Excellence (1958-1964)
Berline rare, l’Excellence fut produite à une quarantaine d’exemplaires environ. Cette extrême rareté la rend également très coûteuse. Les collectionneurs prêts à investir cherchent un modèle dans un état irréprochable, pouvant aussi atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros.
Facellia / Facel III / Facel 6 (1960-1963)
Bien que moins prestigieuses en raison des problèmes rencontrés, les Facellia bien restaurées ou les Facel III (avec moteur Volvo) et Facel 6 (moteur Austin) suscitent aujourd’hui de l’intérêt, surtout pour leur histoire. Les prix, bien que moins élevés que pour les HK500 ou Facel II, restent conséquents pour un petit cabriolet français de l’époque, surtout si le modèle est rare et en parfait état.
Avantages et inconvénients d’une Facel Vega
Avantages :
Élégance et prestige : Les Facel Vega sont considérées comme l’incarnation du luxe automobile français des années 1950-1960, avec un style raffiné, des finitions intérieures somptueuses et un soin du détail remarquable.
Performances élevées : Les modèles V8 (FVS, HK500, Facel II) affichent des performances de haut niveau, rivalisant avec les GT anglaises ou italiennes de la même époque.
Rareté et valeur de collection : Posséder une Facel Vega, c’est disposer d’un morceau d’histoire automobile. Leur rareté les rend très prisées, et leur cote sur le marché de la collection ne cesse de monter.
Combinaison du meilleur de deux mondes : Mécanique américaine robuste et coupleuse, design et finition française. Cette union atypique fait le charme des Facel.
Inconvénients :
Coûts d’entretien et de restauration : Les pièces détachées sont rares, les restaurations exigeantes et coûteuses. Posséder une Facel Vega nécessite un budget conséquent et des spécialistes compétents.
Fiabilité variable : Si les modèles V8 sont plutôt fiables (moteur Chrysler réputé), les Facellia équipées du moteur Pont-à-Mousson ont considérablement terni la réputation de la marque. Ces moteurs sont délicats et difficiles à fiabiliser.
Disponibilité des pièces et main-d’œuvre qualifiée : Le réseau est confidentiel. Trouver des pièces spécifiques ou un artisan connaissant parfaitement ces voitures peut s’avérer compliqué.
Confort et sécurité de l’époque : Bien que luxueuses, ces voitures datent des années 1950-1960. Le confort, la tenue de route et la sécurité active/passive sont loin des standards modernes, ce qui limite leur usage régulier.
En définitive, Facel Vega incarne un moment unique de l’histoire automobile française, une tentative réussie de produire des GT de très haut niveau, admirées de par le monde. Aujourd’hui, elles restent l’apanage des collectionneurs avertis, capables d’apprécier leur esthétique intemporelle, leur mécanique puissante, leur ambiance feutrée, et d’assumer les coûts et contraintes liés à la préservation de ce patrimoine roulant d’exception.
Article par JM. Decayeux / PHOTOGRIFFON
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