La Citroën CX, produite entre 1974 et 1991, est la dernière grande berline Citroën conçue avant le rachat de la marque par Peugeot (PSA). Héritière de la DS sur le segment du haut de gamme, la CX incarne l’esprit d’innovation et d’avant-garde typique de Citroën, offrant un style aérodynamique singulier, un confort hors pair grâce à sa suspension hydropneumatique, et une ergonomie audacieuse. Elle a su marquer les esprits et s’imposer comme l’une des berlines les plus innovantes de la fin des années 1970 et des années 1980, tant par sa ligne que par sa technologie.
L’histoire complète de la Citroën CX
Contexte et lancement (1974-1975)
Présentée au Salon de Paris en 1974, la CX doit relever un défi de taille : succéder à la légendaire DS, fer de lance du haut de gamme Citroën depuis 1955. Le nom "CX" fait référence au coefficient de traînée aérodynamique (C_x), l’un des atouts majeurs de la voiture. Son design, signé Robert Opron, intègre un profil fuselé, un pare-brise incurvé, et une lunette arrière concave, solution originale visant à optimiser la pénétration dans l’air et à minimiser le recours à un essuie-glace arrière.
La CX reprend la suspension hydropneumatique de la DS, gage de confort incomparable, et adopte une architecture plus classique, avec traction avant et moteur transversal. Les premières versions commercialisées sont propulsées par des moteurs 4 cylindres dérivés de la DS (2 000 et 2 200 cm³ essence). L’habitacle se distingue par une planche de bord futuriste, un combiné d’instruments à cadrans rotatifs, et une ergonomie centrée sur le conducteur.
Premières évolutions, élargissement de la gamme (fin des années 1970)
Au fur et à mesure, la gamme CX s’élargit. Dès 1975, la CX Break (break) fait son apparition, offrant un espace de chargement généreux et confortant l’image de la voiture comme une familiale haut de gamme. En 1977, apparaît la CX GTi, version plus sportive, équipée d’un moteur à injection électronique, offrant plus de puissance et de dynamisme. La CX Prestige, lancée en 1976, allonge son empattement pour offrir un espace arrière royal, particulièrement prisé des chefs d’entreprise et des officiels.
Intégration dans le groupe PSA et montée en gamme (années 1980)
Avec le rachat par Peugeot en 1976, la stratégie de gamme se rationalise. La CX bénéficie d’améliorations techniques et stylistiques régulières : adoption de moteurs plus puissants (2,4 litres, turbo diesel, essence turbo), modernisation des intérieurs, mise à jour du combiné d’instruments (début des années 1980), amélioration de la fiabilité de l’injection et des freins.
En 1983, la CX Turbo essence est lancée, avec un moteur 2.0 turbo développant plus de 160 ch, la plaçant au niveau des berlines allemandes concurrentes en termes de performances. La CX Turbo 2, apparue en 1985, poussera encore plus loin ces capacités. De même, le diesel, déjà réputé robuste, gagne en puissance et en agrément avec la CX Turbo Diesel, l’une des plus performantes berlines diesel de son temps.
Fin de carrière et héritage (fin des années 1980 - 1991)
Malgré des qualités évidentes, la CX subit la concurrence des Mercedes, BMW, Saab, Volvo, et, à partir de la fin des années 1980, de sa propre relève interne avec la Citroën XM (présentée en 1989). La CX, après 16 ans de carrière, quitte la scène en 1991. Plus d’un million d’exemplaires ont été produits, preuve de son succès. Elle laisse un héritage profond : celui d’une voiture haut de gamme française, innovante, confortable et avant-gardiste, ancrée dans la tradition Citroën.
Les modèles les plus recherchés par année et les plus chers
Sur le marché de la collection, la Citroën CX connaît un regain d’intérêt, notamment pour ses versions les plus singulières et les plus performantes :
1974-1975 : Premières séries de CX 2000/2200
Les premiers millésimes conservent un certain attrait, notamment dans un état proche de l’origine, car ils incarnent la transition entre la DS et la CX. Ils intéressent les puristes, mais leur cote reste généralement inférieure à celle des versions plus prestigieuses ou plus tardives.
1976-1985 : CX Prestige, CX GTi et CX GTi Turbo
CX Prestige : Avec son empattement allongé et son luxe intérieur, elle est très recherchée. Les exemplaires en excellent état, avec cuir, climatisation (rare à l’époque) et historique limpide, peuvent atteindre des sommes importantes.
CX GTi / GTi Turbo (à partir de 1983) : Les versions sportives sont particulièrement appréciées des amateurs de youngtimers. Une GTi Turbo 2 en état concours peut dépasser largement les 15 000 à 20 000 euros, voire davantage.
Les versions "Athena", "Pallas", "Reflex", "Super" ou "D" sont moins chères, mais les "Pallas" bien conservées, grâce à leur finition supérieure, commencent à prendre de la valeur.
Années 1980 : CX Turbo Diesel
Parmi les diesel, la CX Turbo D et Turbo D2 sont très respectées pour leurs performances étonnantes pour l’époque. Ces modèles, sains et bien entretenus, intéressent les collectionneurs cherchant un diesel de collection.
Dernières séries (1989-1991)
Les dernières CX, surtout les GTi Turbo 2 et Prestige Turbo, produites en faible nombre et souvent mieux équipées, sont également très prisées. Leur rareté et leur maturité technique en font des modèles chéris des collectionneurs. Les CX en très faible kilométrage, stockées dans des conditions optimales, peuvent atteindre des prix élevés.
Avantages et inconvénients de la Citroën CX
Avantages :
Confort exceptionnel : La suspension hydropneumatique procure une douceur de roulement inégalée, la CX "plane" littéralement sur la route.
Tenue de route et freinage : La CX jouit d’une excellente stabilité, grâce à un centre de gravité bas et un train arrière auto-stabilisant. Le freinage assisté est puissant.
Aérodynamique et design futuriste : Sa silhouette élancée, ses vitres incurvées et son tableau de bord avant-gardiste lui confèrent un style unique, encore reconnaissable aujourd’hui.
Gamme large et motorisations variées : Essence, diesel, versions turbo, luxe (Prestige), sport (GTi Turbo) : la CX proposait une palette adaptée à toutes les attentes.
Valeur de collection croissante : Avec le temps, la CX est de plus en plus appréciée des collectionneurs qui redécouvrent ses qualités, ce qui participe à la hausse de sa cote.
Inconvénients :
Fiabilité électrique et corrosion : La CX souffre souvent de problèmes électriques et de rouille sur la carrosserie, notamment sur les premiers millésimes. Une restauration soignée est parfois nécessaire.
Entretien spécialisé : La suspension hydropneumatique, si elle offre un confort inégalable, requiert un entretien régulier et des compétences spécifiques. Trouver un spécialiste de la CX peut être plus complexe aujourd’hui.
Performances inégales sur les premières versions : Les premiers modèles manquent un peu de puissance, surtout par rapport aux standards actuels. Les versions non turbo sont moins vives et plus gourmandes en carburant.
Disponibilité des pièces : Certaines pièces spécifiques (éléments hydrauliques, composants de tableau de bord, garnitures intérieures) peuvent être difficiles à trouver ou coûteuses.
En somme, la Citroën CX demeure un monument de l’histoire automobile française, marquant la continuité de l’audace et du confort Citroën. À l’époque, elle était une berline de rupture par son style et ses solutions techniques. Aujourd’hui, les collectionneurs la redécouvrent, appréciant son originalité, son confort inégalé, et cette atmosphère unique propre aux grandes Citroën, malgré quelques faiblesses techniques inhérentes à son époque.
Article par JM. Decayeux / PHOTOGRIFFON
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