Histoire complète de la Citroën Ami 8
Contexte et genèse (fin des années 1960)
Après la Citroën Ami 6, lancée en 1961, la marque aux chevrons souhaite moderniser son modèle de milieu de gamme. L’Ami 6, malgré son succès et sa singularité stylistique (fameuse lunette arrière inversée), souffre d’une esthétique clivante et de performances modestes. À la fin des années 1960, Citroën décide donc de revoir en profondeur la ligne de l’Ami et de l’actualiser pour mieux répondre aux attentes de la clientèle.
Lancement (1969)
Présentée au Salon de Genève en mars 1969, l’Ami 8 s’inscrit dans la continuité technique de l’Ami 6, dont elle reprend la plate-forme, la suspension et la mécanique dérivée de la 2CV (moteur bicylindre à plat refroidi par air, de 602 cm³). Mais le design évolue sensiblement : exit la lunette inversée, place à une ligne plus conventionnelle, de type break de chasse, offrant une meilleure habitabilité arrière et une visibilité plus classique. Le capot et les ailes sont redessinés, l’avant conserve la personnalité des Ami, avec des phares rectangulaires, mais le profil et la poupe sont plus harmonieux et plus consensuels.
Évolution de la gamme (années 1970)
Carrosseries disponibles : L’Ami 8 est proposée en deux variantes principales : la berline (à la ligne fastback) et le break, plus pratique et plus spacieux. Le break Ami 8, comme pour l’Ami 6, connaît un certain succès grâce à sa polyvalence et sa capacité de chargement.
Moteur et performances : Le moteur bicylindre de 602 cm³ développe environ 32 à 35 ch, légèrement plus que sur l’Ami 6, améliorant un peu les performances. Cependant, l’Ami 8 reste une voiture modeste, conçue pour la ville et la route secondaire, plus que pour l’autoroute.
Confort et finition : L’intérieur est plus soigné que sur l’Ami 6, offrant des sièges plus confortables, une meilleure finition et une planche de bord plus moderne. L’insonorisation demeure sommaire, mais l’ensemble est relativement agréable pour l’époque, surtout grâce à la suspension à grand débattement très douce.
Ami Super (1973-1976)
Une variante notable est l’Ami Super, lancée en 1973, qui reprend la carrosserie de l’Ami 8 mais avec un moteur quatre cylindres de Citroën GS (1 015 cm³, environ 53 ch). Cette version rare et plus performante – véritable petite sportive dans la gamme – transforme l’Ami en voiture nettement plus dynamique. L’Ami Super est proposée en berline et break. Peu diffusée, elle est aujourd’hui très recherchée des collectionneurs.
Fin de carrière (1978)
Au fur et à mesure des années 1970, la concurrence se modernise (Renault 5, Fiat 127, Peugeot 104…), et l’Ami 8, malgré ses qualités, apparaît vieillissante. La Citroën LN/LNA puis surtout la Visa prennent le relais sur le segment des petites voitures plus modernes. La production de l’Ami 8 s’arrête en 1978, après environ 800 000 exemplaires produits (toutes versions confondues). L’Ami 8 aura joué un rôle important en consolidant la gamme Citroën au-dessous de la GS, et en offrant une alternative plus moderne et fonctionnelle à l’Ami 6.
Les modèles les plus recherchés et les plus chers
Par types et versions :
Ami Super (1973-1976) : C’est la version la plus convoitée. Dotée d’un moteur issu de la GS, l’Ami Super offre des performances inattendues dans cette gamme. Produite en faible quantité, elle est devenue rare et très recherchée par les collectionneurs. Un exemplaire en excellent état peut atteindre des prix significativement plus élevés que ceux d’une Ami 8 standard.
Ami 8 Break : Les breaks, plus pratiques et souvent mieux conservés, suscitent l’intérêt, notamment si le véhicule est en état d’origine et sans corrosion majeure. Sans atteindre la cote de l’Ami Super, un break en parfait état peut voir sa valeur augmenter.
Berlines première série (fin des années 1960 - début 1970) : Les premiers millésimes, encore proches du concept initial, peuvent intéresser les puristes recherchant la version “authentique” de l’Ami 8, mais cela n’a pas autant d’impact sur le prix que pour certaines voitures de collection plus prestigieuses.
Les plus chers sur le marché actuel :
Ami Super : Selon l’état, un exemplaire parfaitement restauré et documenté peut dépasser les 10 000 à 15 000 euros, voire plus si l’on tombe sur un véhicule rare, avec faible kilométrage, historique limpide, et options d’époque.
Ami 8 Break en état concours : Un très bel exemplaire peut valoir autour de 8 000 à 10 000 euros.
Ami 8 Berline standard : La cote reste généralement plus basse, entre 3 000 et 7 000 euros, selon l’état, la restauration et l’authenticité.
Avantages et inconvénients de la Citroën Ami 8
Avantages :
Confort de suspension et tenue de route : Héritée de la 2CV, la suspension offre un confort impressionnant sur routes dégradées, et la tenue de route est saine à vitesse modérée.
Habitabilité et polyvalence (surtout en break) : L’Ami 8 est spacieuse pour sa catégorie, avec un bon volume intérieur et un accès aisé. Le break est particulièrement adapté aux petits déménagements ou aux sorties en famille.
Mécanique simple et facile à entretenir : Le bicylindre reste d’une grande simplicité, les pièces sont encore relativement disponibles, et le réseau de passionnés facilite l’entretien.
Style plus consensuel que l’Ami 6 : Sans la lunette arrière inversée, l’Ami 8 paraît plus classique, ce qui peut plaire à un public plus large. Elle reste néanmoins suffisamment originale pour séduire les amateurs de voitures anciennes.
Inconvénients :
Performances limitées (hors Ami Super) : La version standard reste assez lente, ce qui pose problème sur voie rapide ou autoroute. Les dépassements nécessitent anticipation et patience.
Insonorisation et finition modestes : Bien qu’améliorée par rapport à l’Ami 6, l’Ami 8 demeure une voiture simple, peu isolée du bruit, et présentant des matériaux basiques.
Sensibilité à la corrosion : Comme beaucoup de voitures de cette époque, la rouille est à surveiller de près, notamment sur le châssis, les planchers et les bas de caisse.
Moins iconique que la 2CV ou la DS : Bien qu’elle soit une Citroën typique, l’Ami 8 n’a pas le même statut légendaire. Elle est donc parfois moins cotée et moins considérée par certains collectionneurs, hormis les versions rares comme l’Ami Super.
En somme, la Citroën Ami 8 est une évolution logique et plus moderne de l’Ami 6, offrant une ligne plus consensuelle, un peu plus de confort et de polyvalence, tout en restant fidèle à l’esprit des petites Citroën à moteur bicylindre. L’Ami Super est la plus recherchée et la plus valorisée sur le marché de la collection. Malgré ses performances limitées sur les versions standard et une finition restreinte, l’Ami 8 demeure une voiture agréable, simple et attachante, symbole d’une époque où Citroën innovait dans le domaine des voitures populaires et familiales.
Article par JM. Decayeux / PHOTOGRIFFON
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