Histoire complète de la Citroën 2CV
Contexte et genèse (années 1930)
L’idée de la 2CV (Deux-Chevaux) naît avant la Seconde Guerre mondiale. Pierre-Jules Boulanger, patron de Citroën, souhaite concevoir une “TPV” (Toute Petite Voiture) économique, fiable, minimaliste, capable de transporter deux personnes et 50 kg de bagages à une vitesse raisonnable, et ce sur des chemins de terre. Le cahier des charges : consommer peu, être extrêmement simple, pouvoir traverser un champ labouré sans renverser un panier d’œufs posé sur la banquette arrière. La conception débute en secret au milieu des années 1930, avec l’ingénieur André Lefèbvre et le styliste Flaminio Bertoni à la manœuvre, ainsi qu’une équipe d’ingénieurs déterminés à innover.
Lancement retardé par la guerre (1939-1948)
La Seconde Guerre mondiale interrompt le projet TPV. Seuls quelques prototypes survivent, cachés par Citroën pour échapper à la confiscation allemande. Après la guerre, le marché français a besoin de voitures simples et abordables. Citroën reprend le projet, l’améliore et finalise la version définitive de la 2CV.
Présentation officielle et débuts timides (1948-1950)
Présentée au Salon de Paris 1948, la 2CV AZ attire d’abord la curiosité voire l’ironie : sa ligne minimaliste, son toit en toile, son moteur bicylindre à refroidissement par air de 375 cm³ (9 ch) et son apparente frugalité surprennent. Mais rapidement, l’intérêt croît et les commandes affluent. La production est lente à démarrer, entraînant de longues listes d’attente.
Années 1950 : l’affirmation du succès
La 2CV devient la voiture du monde rural, des petits artisans et des foyers modestes. Son confort de suspension, sa capacité à circuler sur des terrains difficiles, sa consommation réduite, sa facilité d’entretien et son prix attractif la rendent incontournable. Les évolutions techniques restent modestes, mais Citroën introduit des déclinaisons comme la Fourgonnette (2CV AU), très prisée par les commerçants. Les premières améliorations notables apparaissent : puissance portée à 12, puis 14 ch avec le moteur de 425 cm³, améliorations de la boîte de vitesses, etc.
Années 1960 : diversification et exportation
La 2CV continue d’évoluer par petites touches. De nouvelles versions plus “cossues” apparaissent (2CV AZAM, par exemple, avec des chromes, des sièges plus confortables). C’est aussi l’époque où la 2CV s’exporte à l’international et connaît un certain succès, même outre-Manche ou outre-Atlantique. On la voit dans toutes les régions du monde, symbole de mobilité accessible. Les couleurs se diversifient, on la modernise légèrement, tout en conservant sa philosophie.
Années 1970 : confrontation à la modernité
Face à la concurrence de voitures plus modernes et mieux équipées (Renault 4, Fiat 500, Mini, etc.), la 2CV reste attractive grâce à sa personnalité unique. Les éditions spéciales se multiplient, comme la 2CV Spot (1976), la 2CV Charleston (1980) et d’autres séries limitées visant à rajeunir son image. Les normes de sécurité et d’émissions évoluent, forçant Citroën à adapter la 2CV, sans jamais la dénaturer entièrement.
Années 1980 : fin de carrière et aura de légende
La 2CV prend de l’âge, et les clients se tournent vers des véhicules plus modernes. Malgré cela, elle conserve un noyau dur d’aficionados. La Charleston, lancée en série limitée puis en série normale, devient l’un des symboles de la fin de carrière. Finalement, la production de la 2CV s’arrête le 27 juillet 1990 à l’usine de Mangualde (Portugal), après plus de 5 millions d’exemplaires produits (tous dérivés confondus). La 2CV est devenue un phénomène culturel, symbole de liberté, d’ingéniosité et de simplicité.
Les modèles les plus recherchés par année et les plus chers
Premières séries (années 1950)
Les toutes premières 2CV A (1949-1950) à capots à ripple bonnet (capot ondulé) sont extrêmement rares et recherchées. Les premiers modèles, encore plus rudimentaires, avec le moteur 375 cm³, atteignent aujourd’hui des cotes très élevées, surtout s’ils sont en état d’origine ou restaurés conformément aux spécifications d’époque.
Années 1960 - 1970
Les versions AZAM (1963-1967), plus “haut de gamme” pour une 2CV, commencent à être appréciées.
Les Fourgonnettes (2CV AU, AK, Acadiane) peuvent également susciter l’intérêt, surtout si elles sont rares, non transformées et en bon état.
Éditions spéciales (années 1970 - 1980)
2CV Spot (1976) : Première série limitée, en orange et blanc, très recherchée par les collectionneurs.
2CV Charleston (1980-1990) : La plus emblématique des séries spéciales, avec sa robe bicolore et son intérieur spécifique. Les premières Charleston, numérotées, se vendent à des prix élevés.
Autres séries limitées comme la 2CV Dolly, France 3, Cocorico, Montlhéry, sont également prisées par les collectionneurs, même si leur cote varie.
Les plus chers sur le marché actuel
Les premières années de production (fin des années 1940 - début 1950) dans un état exceptionnel sont parmi les plus coûteuses, pouvant dépasser largement les 30 000 à 40 000 euros.
Les séries spéciales (Spot, certaines Charleston, Dolly) en état concours, avec peu de kilomètres et historique complet, peuvent valoir entre 15 000 et 25 000 euros, parfois plus.
Les Fourgonnettes parfaitement restaurées ou très bien conservées ont également vu leur cote grimper.
Avantages et inconvénients de la Citroën 2CV
Avantages :
Simplicité mécanique et facilité d’entretien : Le bicylindre refroidi par air, la boîte manuelle, la direction et les suspensions sont très simples, ce qui permet un entretien aisé et économique.
Confort de suspension et polyvalence sur routes dégradées : Sa suspension à grand débattement lui permet d’absorber les bosses avec une aisance étonnante, offrant un confort remarquable sur route irrégulière.
Faible consommation et coût d’usage modéré : Grâce à son faible poids et à sa mécanique peu gourmande, la 2CV est économique à utiliser.
Image mythique et esthétique unique : Véritable icône de l’automobile, elle jouit d’un capital sympathie immense, ce qui en fait un objet de collection très prisé.
Inconvénients :
Performances limitées : Avec une puissance très modeste, les accélérations sont lentes et la vitesse maximale reste faible, rendant son usage sur autoroute inconfortable.
Sécurité passive réduite : Pas de ceintures (sur les premiers modèles), pas de structures de déformation, pas d’airbags. Face aux normes modernes, la 2CV est vulnérable en cas d’accident.
Confort et équipement sommaires : Absence d’insonorisation, équipements réduits au minimum (pas de chauffage performant sur les premiers modèles, pas de ventilation sophistiquée), sièges basiques.
Corrosion : La 2CV est sensible à la rouille, notamment sur le châssis et les planchers. Une vérification minutieuse s’impose avant tout achat.
En somme, la Citroën 2CV est l’une des voitures les plus emblématiques de l’histoire automobile, symbole de simplicité, d’ingéniosité et de liberté. Les premiers modèles et les séries spéciales rares sont aujourd’hui très recherchés et peuvent atteindre des sommes élevées sur le marché de la collection. Malgré ses performances modestes et sa sécurité limitée, la “Deuche” reste un objet culte, apprécié pour son charme intemporel et sa convivialité.
Article par JM. Decayeux / PHOTOGRIFFON
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